Domaine Aurae, dans un petit village paysan au service de la noblesse.
Ce matin, comme tout les matins depuis sa naissance dans cette pauvre famille il y à seize ans, Kurenai se leva peu avant le soleil, enfila quelques loques, se chargea d'un seau vide, et traversa le village jusqu'au puit d'eau potable.
Près du puit se tenaient trois garçons, les bras croisés et un rictus aux lèvres. Leur "chef" avait le visage grandement amoché et s'approcha de la jeune fille d'un air supérieur, avant de se planter devant elle pour l'empêcher de passer.
Kurenai fit une moue d'impatience et bouscula l'individu pour pouvoir remplir le seau.
[Kurenai] - Ecoute Zarakai. Je n'ai pas envie de jouer aujourd'hui. Mes parents vont se lever et ils attendent l'eau.
[Zarakai] - C'est moi qui décide de quand tu passeras. On a un compte a régler tout les deux.
Kurenai désigna vaguement le visage contusionné et lacéré de l'homme :
[Kurenai] - Tu veux parler de ça ? C'est pour ça que tu as ramené tes compagnons ?
[Zarakai] - Effectivement... Je vais te faire payer ta résistance d'hier. Midos ! Tulak !
Les deux sbires s'avancèrent à leur tour et empoignèrent la jeune femme pour l'immobiliser.
[Kurenai] - Lachez-moi bande de vermine !
[Zarakai] - Tss tss... On se calme... Tu as toujours eu un sale caractère. Tu ne fera jamais une bonne femme si on ne t'inculque pas les bonnes manières.
Zarakai éclata de rire et gifla Kurenai pour la faire taire.
[Kurenai] - Tu pourriras dans la fange ! Comme le ver de terre que tu as toujours été Zarakai. Et j'espère que tu crèveras de la pire manière qui soit !
[Zarakai] - Quelle violence... Dites les gars, dois-je laisser ma future femme me parler ainsi ?
Les deux compagnons s'esclaffèrent en resserrant leur étreinte.
[Zarakai] - Vous avez raison.
Zarakai giffla à deux reprises Kurenai. Elle redressa la tête, un filet de sang s'écoulant de sa bouche. Elle fut surprise d'éprouver un certain plaisir dans la situation. Elle jeta un regard noir à son bourreau, et lui cracha du sang au visage. Elle se débattit fortement en griffant les deux comparses qui la tenait, leur décochant des coups de pieds dans les genoux et tibias. Elle fut prise d'une frénésie sanguine et ses yeux virèrent au blanc tandis que les trois garçons la rouèrent de coups.
Elle mordit sauvagement Midos, et se sentit en meilleure forme quand le sang s'écoula dans sa bouche. Puis son corps se convulsa, et tout devint noir. A son réveil, elle se trouvait au pied du puit, en piteux état mais en compagnie de ses parents, et sans souvenirs de ce qui s'était passé à partir du moment où les deux garçons l'aggripèrent.
De retour chez elle, elle raconta ce qui s'était passé à ses parents abasourdis. Son père, un simple paysan nommé Tomooki, était inquiet et jetait quelques regards discrets à sa femme, Ambre, tisserande.
Le lendemain à l'aube, Kurenai sortit de son lit et surprit ses parents en grande discussion avec un garde Aurae. Elle resta hors de portée des regards et écouta discrètement :
[Tomooki] - Oui Seigneur... D'après leurs parents, ils ont souffert toute la nuit d'une très forte fièvre, et ce matin ils étaient tout les trois morts...
[Garde Aurae] - Bien. Et vous dites que votre fille les a vu le jour même.
[Ambre] - Ils l'ont battue devant le puit. Elle ne se souvient pas de tout les détails.
[Tomooki] - S'il vous plait Seigneur. Ne nous l'enlevez pas ! Elle n'est pas méchante !
[Garde Aurae] - Mes supérieurs m'ont demandé de la ramener à l'Académie Aurae.
[Ambre] - A l'Académie !? Mais pourquoi ?
[Garde Aurae] - Je n'ai pas tout les détails, mais le Grand Prêtre de Grenth aurait ressenti une forte activité nécromante dans ce village hier. Et la Maison Aurae est à la recherche de jeunes talents de tout bords.
[Ambre] - Mais comment allons-nous assurer le travail au village sans son aide ?
[Tomooki] - Et quand la reverrons-nous ?
[Garde Aurae] - S'il s'agit bien d'elle, elle ne sera pas prisonnière et elle recevra un salaire. Libre à elle de venir vous voir et de vous laisser de l'or.
[Tomooki] - Je suppose que nous n'avons pas le choix...
[Garde Aurae] - C'est exact. C'est la volonté de la Maison Aurae.
[Ambre] - Quand devra-t-elle partir ?
[Garde Aurae] - Je reviendrai la chercher à la fin de la semaine.
Le garde se retira et les parents restèrent seuls un moment...
(à suivre)